Le Premier Ministre Ousmane SONKO a présidé, mardi 17 septembre 2024, à la salle de conférences de la Primature, une réunion Interministérielle sur :
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les mesures préventives relatives à la sécurité alimentaire en zones rurales ;
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la gestion des impacts de la crue des fleuves Sénégal et Gambie.
Voici le relevé des décisions qu'il a pris à cet effet
I. Au titre des mesures relatives à la Sécurité alimentaire
Le diagnostic de la situation de la sécurité alimentaire laisse apparaître, à date, un risque d’insécurité alimentaire dans certaines zones qui demande une mise en œuvre diligente de mesures de mitigation ou de prévention.
A cet égard,
1. J’engage le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, en rapport avec le Ministre de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage à :
procéder, au plus tard le 30 septembre 2024, au recensement exhaustif des agriculteurs et éleveurs exposés à des risques d’insécurité alimentaire dans certains départements du nord du pays (Podor, Louga et Linguère), de l’Ouest (Tivaoune), du centre-ouest (Diourbel et Bambey) et de l’Est (Kidira) ;
2. j’invite le Ministre de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage à :
procéder, d’ici la fin de cette semaine, à une seconde distribution de semences à cycle court au niveau desdits départements pour minimiser les impacts sur les revenus des paysans concernés par les pauses pluviométriques et les autres aléas climatiques sur les cultures ;
3. j’invite le Ministre de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage,
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en rapport avec le Ministre des Finances et du Budget à :
diligenter, en procédure d’urgence, l’acquisition de produits phytosanitaires suffisants pour assurer la protection permanente des cultures, devenues plus vulnérables à la suite des longues pauses pluviométriques ;
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en rapport avec le Ministre des Forces armées et le Ministre des Finances et du Budget à :
assurer, sans délai, la mise en œuvre de la Convention liant les deux ministères en matière d’intervention phytosanitaire notamment la mise en condition opérationnelle du matériel aérien acquis. Un rapport circonstancié devra me parvenir sur l’immobilisation des avions acquis par l’Etat du Sénégal ;
4. le Ministre de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage devra élaborer et enclencher :
dans les délais requis, le mécanisme de sauvegarde du bétail en vue de faciliter, aux éleveurs des régions impactées, l’accès à l’aliment de bétail pour faire face au déficit fourrager dans les zones affectées ;
5. le Ministre de la Famille et des Solidarités, à travers le Commissariat à la Sécurité alimentaire et à la Résilience et le Fonds de Solidarité national, prendra les dispositions utiles :
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en rapport avec le Ministre des Finances et du Budget, pour l’assistance à déployer au profit des populations en situation d’insécurité alimentaire avec un accent particulier sur la cible que constituent les jeunes enfants ;
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en rapport avec le Ministre de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire, pour l’appui au financement des exploitants agricoles et des éleveurs des zones impactées ;
6. j’invite le Ministre des Finances et du Budget, en rapport avec le Ministre de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage à :
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renforcer le dispositif d’assurance agricole au profit des agriculteurs et éleveurs pour leur permettre de mieux faire face aux aléas climatiques ;
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prendre les dispositions en vue de la restauration du fonds de calamité pour créer les conditions de riposte rapide en cas de besoin.
7. j’engage le Ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, en rapport avec le Ministre de l’Agriculture de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage à :
promouvoir la reforestation des zones vulnérables aux vents violents (Tambacounda, Vélingara) avec des espèces servant de brise-vent pour mieux protéger les cultures, notamment les bananeraies ;
8. le Secrétaire général du Gouvernement, à travers le Secrétariat exécutif du Conseil national à la Sécurité alimentaire procèdera, en rapport avec le Ministre de la Famille et des Solidarités à :
l’évaluation, au moyen du cadre harmonisé de novembre 2024, de la situation de la sécurité alimentaire à l’échelle nationale afin d’identifier les populations à risque d’insécurité alimentaire et de proposer un plan de riposte à l’échelle nationale ; cette évaluation devra également être faite au titre du Cadre harmonisé de mars 2025 pour la préparation de la soudure.
9. Le Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, en rapport avec le Ministre des Finances et du Budget, et le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, renforcera, dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de souveraineté alimentaire, les investissements relatifs aux aménagements hydroagricoles, à la maîtrise de l’eau et au développement des cultures fourragères afin de prévenir les risques liés au déficit pluviométrique et ses conséquences dans l’agriculture et l’élevage.
10. le Ministre de la Santé et de l’Action sociale est invité, en rapport avec le Conseil national de Développement de la Nutrition, à accroître la surveillance de la malnutrition, au niveau des zones à risque d’insécurité alimentaire, à la lumière des politiques et normes de l’alimentation et de la nutrition.
11. l’enveloppe financière nécessaire à la mise en œuvre des actions de riposte à court terme devra être évaluée et transmise au Premier Ministre, au plus tard le 23 septembre 2024. Dans ce cadre, des réaménagements budgétaires devront être priorisés.
II. Au titre de la gestion des crues au niveau des fleuves Sénégal et Gambie
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Considérant que nonobstant la réalisation d’ouvrages hydrauliques et hydroélectriques, les crues, même si elles ont considérablement diminué, demeurent toujours, occasionnant parfois des débordements au niveau de certaines localités des bassins desdits fleuves ;
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Considérant qu’après l’édification du barrage de Manantali sur l’affluent principal du Bafing, il est nécessaire de poursuivre la réalisation des ouvrages structurants, notamment sur les deux autres affluents principaux (la Falémé et le Bakoye), afin de permettre une maitrise totale des débits et des écoulements du fleuve. De plus, il urge d’accélérer la réalisation du projet Gourbassi sur la Falémé ;
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Constatant que, face au contexte de dérèglement climatique marqué par une forte intensité des pluies à occurrence souvent aléatoire, les risques de crues sont de plus en plus importants.
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Vu la nécessité de maitriser les défluents qui acheminent les eaux de crue vers les dépressions naturelles comme les lacs et cuvettes ;
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Vu l’absence d’un dispositif adéquat de gestion des crues ;
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Constatant, au titre du dispositif de suivi et d’alerte, la faiblesse du niveau de coopération interétatique sur la gestion des crues qui ne peut être prise en charge isolément par un Etat,
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Constatant l’insuffisance des moyens des services techniques compétents en la matière et face à la nécessité d’impliquer les communautés et de procéder à des exercices de simulation pour se préparer en conséquence :
le Premier Ministre a pris les décisions suivantes :
12. le Ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, en relation avec les Ministres chargés du Commerce et de l’Hydraulique et de l’Assainissement, dans le prolongement des mesures conjoncturelles déjà déployées, mettra en place des mesures structurelles de sécurisation du corridor Dakar-Bamako, notamment à hauteur de Kidira, pour éviter tout arrêt de la circulation sur celui-ci ;
13. d’ici fin septembre 2024 au plus tard, le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, en relation avec le Ministre des Forces armées, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, le Ministre de la Famille et des Solidarités, le Ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des Territoires et le Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage et le Ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, élaborera un plan d’urgence de riposte pour faire face aux crues exceptionnelles.
14. au plus tard en fin mars 2025, le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, en relation avec les autres ministres cités supra, élaborera des fiches détaillées sur les quartiers, les populations, les établissements publics, les espaces agricoles et autres installations susceptibles d’être impactés par les crues des fleuves ou tout autre phénomène naturel relatif aux comportements des fleuves, en vue de la mise en place de plans de contingence pour faire face à d’éventuelles catastrophes ;
15. le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en relation avec le Ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, entreprendra, toutes les diligences nécessaires pour renforcer la coopération entre les pays traversés par les fleuves Sénégal et Gambie, pour un suivi et une surveillance hydrologiques intégrés des bassins à travers la mise en place d’un réseau commun ultra moderne de stations hydrométriques accessibles à l’ensemble de nos services. Cette même démarche devra être adoptée pour la conduite d’études conjointes sur les effets futurs du changement climatique sur les régimes hydrologiques des fleuves Sénégal et Gambie pour mieux anticiper sur les crues et adapter les stratégies de gestion en fonction des projections climatiques.
En outre, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en relation avec l’OMVS et l’OMVG, entreprendra les démarches nécessaires pour la tenue de rencontres réunissant les Etats membres de ces organisations pour une évaluation et une revue conjointes des problématiques actuelles des fleuves Sénégal et Gambie et pour prendre de mesures appropriées ;
16. avant le début de l’hivernage 2025, et au plus tard à fin avril 2025, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens et le Ministre des Finances et du Budget devront prendre les dispositions appropriées pour moderniser et renforcer :
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les réseaux de surveillance hydrologique et météorologique de la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (DGPRE) et de l’Agence nationale de l’Aviation civile et de la Météorologie (ANACIM),
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ainsi que les systèmes d'alerte précoce basés sur des modèles de prévision des crues. Ces systèmes devront être accessibles aux populations et aux porteurs d’activités via des technologies appropriées ;
17. au plus tard en fin décembre 2024, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en relation avec le Ministre Secrétaire général du Gouvernement, présentera au Gouvernement des propositions de révision statutaire de la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau pour lui permettre de jouer pleinement son rôle et ce, en renforçant ses prérogatives, ses moyens d’intervention et son budget ;
18. avant le début de l’hivernage 2025, et au plus tard en fin avril 2025, le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, ainsi que le Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage procéderont à une vulgarisation complète et approfondie du Plan d’alerte de l’OMVS en matière de gestion des crues ainsi qu’à l’organisation d’exercices de simulation au niveau des départements concernés, en impliquant l’ensemble des acteurs. L’occasion sera saisie pour sensibiliser les populations riveraines sur les comportements à adopter en cas de crues et sur la protection des écosystèmes fluviaux.
19. constatant l’ampleur des défaillances dans l’occupation de l’espace aux abords des fleuves, exposant les populations à d’importants risques même en cas de simple dépassement des côtes d’alerte, il est demandé au Ministre des Finances et du Budget, au Ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des Territoires ainsi qu’au Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, d’établir la cartographie précise des zones à risque d’inondation pour permettre de planifier l'aménagement dans les bassins fluviaux du Sénégal et de la Gambie. L’objectif étant d’interdire toute construction et certaines activités agricoles inadaptées sur les rives des cours d’eau, notamment les lits majeurs, mais aussi les plaines d’inondation, les bas-fonds ou les cuvettes qui sont les réceptacles naturels du trop-plein d’eau des fleuves, ainsi que de prévoir des zones tampons pour la dispersion des crues.
20.le Ministre de l’Intérieur, le Ministre des Finances et du Budget, le Ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des Territoires et le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement prendront les dispositions utiles pour interdire les lotissements sur les défluents du fleuve Sénégal au niveau de la Région de Saint-Louis, notamment dans les quartiers de Khar Yalla et de Médina Chérif qui doivent être libérés par les sinistrés. Dans ce cadre, les actions idoines devront être mises en œuvre en vue de favoriser la réinstallation planifiée et volontaire des populations établies dans les lits majeurs ou zones à haut risque d’inondation. Cette stratégie doit être accompagnée d’une mise en place d’infrastructures et de services sociaux de base;
Concernant la réalisation d’ouvrages et d’aménagements ainsi que la mobilisation des ressources financières requises
21. le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement entreprendra auprès de l’OMVS, les diligences nécessaires pour faire accélérer les travaux du barrage de Sambangalou et faire démarrer ceux des barrages de Gourbassi et de Koukoutamba ainsi que les endiguements de Diama qui auront un impact considérable sur la régulation des débits des fleuves, la lutte contre les inondations et la gestion des crues. En appui à cette démarche, les Ministres chargés de l’Economie et des Finances veilleront, chacun en ce qui le concerne, à la libération des contributions financières ou à la formulation des requêtes de financement relevant de l’Etat du Sénégal ;
22. Le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en relation avec le Ministre des Finances et du Budget, développera des solutions d’atténuation des crues fondées sur la nature telles que la restauration des zones humides et des plaines d’inondation qui servent de points de rétention naturelle pour l’eau excédentaire ;
23. le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en relation avec le Ministre des Forces armées et le Ministre des Finances et du Budget, réalisera au courant de l’année 2025 les travaux de protection et portera les initiatives de déplacement de sinistrés d’un coût de près deux (02) milliards identifiés au niveau de certaines localités du Nord à savoir les villages de Donaye, d’Aram, de Bokissaronkobé, de Ngouye et Kharé, ainsi que les communes de Richard Toll, de Matam, de Thilogne et de Saint-Louis ;
24. les Ministres chargés de l’Economie et des Finances accompagneront le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans la recherche de financements pour les projets de mobilisation des ressources en eau qui ont un impact sur la régularisation des fleuves et sur l’agriculture et la souveraineté alimentaire.
25. le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement et le Ministre chargé des Pêches, devront engager des études en vue de tirer avantage des crues dans le cadre du développement de la chaîne de valeur aquacole.
26. Enfin, je demande au Ministre Secrétaire Général du Gouvernement de veiller à la mise en place d’un Comité permanent chargé d’approfondir les réflexions émanant des échanges et de prendre en charge le suivi de la mise en œuvre des conclusions de la réunion.